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Impact de la crise internationale Face aux pénuries et à la flambée des prix, les entreprises du paysage se mobilisent

Dans un contexte économique qui se durcit, les entreprises du paysage voient l’horizon s’obscurcir et tentent, avec le ministère de l’Économie, de mettre en place des mesures pour anticiper le rognage de leurs marges. ©P.Fayolle

La situation économique se complique pour le secteur, alors que le coût des fournitures explose, quand elles ne sont pas introuvables. L’Unep en a appelé au ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, pour réclamer des mesures d’urgence.

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Comme la plupart des métiers de la filière du végétal, les entreprises du paysage ont connu une grosse frayeur en 2020, lors du premier confinement décidé pour faire face à la pandémie de Covid-19, puis ont surfé sur le véritable engouement dont ont fait l’objet le cadre de vie en général et notamment le jardin. Le marché du particulier a été l’un des plus porteurs, alors que celui des collectivités s’est avéré plus difficile (voir ici le baromètre du premier semestre 2021, par exemple).

Mais comme pour beaucoup, la situation en ce début d’année est en train de se tendre. Entre la flambée des prix du carburant, qui représente un coût important pour les équipes devant se rendre dans les chantiers, les pénuries qui sévissent pour certaines fournitures et l’inflation sur les matériaux, les entreprises voient aujourd’hui leurs marges se dégrader : la baisse est estimée à 1 %, selon Ghislaine de la Bretesche, déléguée générale de l’Unep, Union nationale des entreprises du paysage.
Et les prochains mois pourraient s’avérer plus difficiles encore : « Pour l’instant, les chantiers en cours ont été décidés avec la guerre en Ukraine, mais la situation générale risque de freiner les clients dans leur volonté de s’engager dans de nouveaux projets », estime-t-elle.

Quatre mesures d’urgence demandées au ministère de l’Économie

Pour préserver leurs marges, les entrepreneurs ont donc pris contact avec le cabinet du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance pour demander la prise des mesures. Ces dernières sont d’ordre administratif : « Le plan de relance est déjà là pour ce qui concerne les accompagnements financiers », justifie la déléguée générale de l’Unep.

Pour anticiper la période compliquée qui arrive, l’Unep a demandé au ministère quatre mesures d’urgence :
- négocier le prix au premier jour d’un contrat et non à la date à laquelle le contrat a été signé, car il peut s’écouler du temps entre la signature d’une prestation et le début des travaux. Or, actuellement, le temps, c’est de l’inflation ;
- réduire la validité des offres pour les marchés publics à trente jours ;
- en cas de sous-traitance, adopter les clauses de paiement appliquées au premier sous-traitant à l’ensemble des rangs inférieurs ;
- à plus long terme, mise en place d’un observatoire des prix pour lutter contre une trop grande volatilité, mieux structurer la filière du paysage et, in fine, éclairer les clients dans leurs achats.

Les entreprises du paysage actent et saluent évidemment les mesures d’urgence prises en mars pour tous et notent qu’elles vont bénéficier, entre autres, de la remise de 18 centimes par litre de carburant, des aides aux entreprises sur les achats de gaz et d’électricité, ou encore du relèvement du montant du PGE, prêt garanti par l’État.

Révision de prix, imprévision… des notions à connaître !

Mais en parallèle, l’Unep a mis en place à destination de ses adhérents des outils, en particulier pour les contrats privés. Il est possible de réduire la validité des devis, ce qui limite le risque d’hyper-inflation entre la remise de prix et son éventuelle acceptation par le client. Cela ne répond cependant pas aux hausses subites et fortes des prix. L’Unep préconise donc de prévoir une clause de révision de prix dans les devis ou les conditions générales de vente. Normalement, le prix d’un contrat n’est pas révisable, sauf si cette option est clairement citée dans le contrat, avec ses modalités de calcul.

L’Unep recommande aussi à ses adhérents d’utiliser la clause de l’imprévision, pour les devis signés sans clause de révision de prix. Prévue à l’article 1195 du Code civil, cette règle « permet de demander une renégociation du contrat si un changement de circonstances imprévisible lors de la conclusion du contrat rend l’exécution excessivement onéreuse ».
En cas de refus ou d’échec de la renégociation, les parties peuvent convenir d’annuler le contrat ou de demander d’un commun accord au juge de procéder à son adaptation…

Enfin, l’Unep recommande aux entreprises de veiller à ce que leurs fournisseurs respectent leurs engagements tarifaires initiaux. Elle met aussi à disposition de ses adhérents un courrier type permettant d’entamer des discussions sur la prise en charge des surcoûts…

Bien malin qui pourrait dire combien de temps la situation actuelle va durer, mais en tout état de cause mieux vaut prendre des dispositions : nombreux sont les observateurs qui prédisent en Ukraine un conflit long et aux conséquences durables…

Pascal Fayolle

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